Les traits de personnalité qui favorisent l’épuisement professionnel

Les chiffres tombent, implacables : trois traits de caractère que les entreprises applaudissent sans réserve ouvrent grand la porte au burn-out. L’Organisation mondiale de la santé ne cesse de le rappeler : l’obsession de la performance, la difficulté à déléguer et la quête excessive d’approbation ne jouent pas en faveur de ceux qui s’y adonnent. Derrière leur façade valorisée, ces comportements rongent lentement ceux qui en font leur boussole.

Les études, qu’elles portent sur la finance, la santé ou la tech, dressent un constat similaire : ce que l’on érige en modèle peut se transformer en talon d’Achille sous la pression du quotidien professionnel. Trouver la juste mesure entre engagement et excès devient une opération délicate, presque imperceptible. On s’accroche, persuadé de tenir, jusqu’à ce que la tension devienne insoutenable.

Pourquoi certains profils basculent-ils plus facilement vers l’épuisement ?

Le burn-out, ou épuisement professionnel, ne frappe pas au hasard. Dès les années 1970, Herbert J. Freudenberger a insisté sur l’impact du stress chronique dans le milieu professionnel. Mais l’équation est loin d’être simple : certains traits rendent la charge plus lourde à encaisser, surtout quand la surcharge de travail s’accumule ou que la reconnaissance fait défaut.

Le modèle des Big Five éclaire ces différences. En haut de la liste, le névrosisme : anxiété, hypersensibilité au stress, incapacité à relâcher la pression. Ces profils, que l’on retrouve fréquemment parmi les personnes touchées par le burn-out, tournent en boucle dans les ruminations et le doute. Arrive ensuite la conscienciosité : goût du travail bien fait, exigence démesurée, frontière trouble entre engagement et auto-sacrifice. Enfin, le perfectionnisme pousse à viser toujours plus haut, jusqu’à épuiser toutes ses ressources.

Dans un environnement de travail toxique, ces profils se retrouvent vite en difficulté : autonomie bridée, conflits larvés, manque de soutien. Les facteurs de risque s’accumulent : stress professionnel chronique, sentiment d’absurdité (brown-out), désintérêt croissant (bore-out). L’organisation du travail, en France comme ailleurs, n’est pas étrangère à cette exposition. Anticiper ces risques, c’est apprendre à repérer ces traits, repenser la répartition des rôles, renforcer le soutien social.

Trois traits de personnalité qui ouvrent la voie à l’épuisement

Perfectionnisme

Le perfectionnisme ne se contente pas de viser l’excellence. Il impose une discipline inflexible, bannit la moindre erreur, pourchasse la faille invisible. Les recherches de Gordon Parker le confirment : ce trait expose directement au syndrome d’épuisement professionnel. La pression ne fait que croître, la frustration s’installe, la satisfaction s’estompe. Ce que l’on croit dominer finit par prendre le dessus, la fatigue, elle, ne s’autorise aucune pause.

Ergomanie

L’ergomanie enferme dans une spirale du toujours plus. Les journées s’allongent, les messages affluent à toute heure, le week-end perd sa saveur. Impossible de décrocher. Mais cette agitation ne rime pas avec efficacité. Le résultat ? Santé mentale fragilisée, stress chronique amplifié, porte grande ouverte au burnout. Se reposer devient suspect, la surcharge s’installe comme une nouvelle norme.

Hyper-responsabilité et difficulté à poser des limites

La hyper-responsabilité s’accompagne de la certitude que tout repose sur ses épaules. Prendre en main chaque mission, anticiper les pépins, corriger les détails, jusqu’à l’épuisement. Souvent, l’incapacité à dire non vient s’ajouter. Le résultat est sans appel : accumulation de tâches, exposition prolongée au stress professionnel chronique, reconnaissance aux abonnés absents, fatigue qui ne lâche jamais prise.

Dans la vie de bureau, ces trois traits prennent des formes bien concrètes :

  • Perfectionnisme : exigences qui dépassent le raisonnable, pression constante, sentiment d’usure accélérée.
  • Ergomanie : investissement qui déborde, frontière entre vie perso et pro qui s’efface, solitude qui s’installe.
  • Hyper-responsabilité : missions qui s’empilent, refus quasi systématique de déléguer, fatigue qui s’accumule.

personnalité stress

Reconnaître les signaux d’alerte pour réagir à temps

Le syndrome d’épuisement professionnel ne débarque jamais sans crier gare. Il s’installe discrètement, transformant la routine en un fardeau pesant. Selon l’OMS et la Haute Autorité de Santé, le burnout commence souvent par une fatigue émotionnelle et physique. Les nuits raccourcissent, l’irritabilité s’installe, la patience s’effiloche. Puis survient la dépersonnalisation : on prend de la distance, on regarde le travail de loin, parfois avec cynisme. L’envie s’étiole, le doute s’installe, la solitude pèse de plus en plus.

La fatigue chronique résiste à tous les remèdes faciles. S’ajoutent alors des signaux physiques : troubles digestifs, douleurs diffuses, tensions dans le dos ou les épaules. L’anxiété s’invite, les symptômes dépressifs s’incrustent. Parfois, les comportements changent brutalement : sommeil agité, appétit perturbé, tentation de compenser par des excès. Ces alertes méritent toute l’attention.

Le Maslach Burnout Inventory, développé par Christina Maslach, aide à repérer ces signaux, même si chaque parcours reste unique. Restez vigilant face à la perte de plaisir, à l’envie de s’isoler ou à la multiplication des erreurs inhabituelles.

Le soutien social fait toute la différence. Oser parler, consulter un professionnel, alerter son entreprise : autant d’actions qui peuvent stopper la spirale. Prévenir l’épuisement passe aussi par la formation du management, la valorisation du travail accompli, le retour à l’autonomie. Quand la surcharge de travail grignote tout, quand l’écoute manque et que les marges de manœuvre s’amenuisent, il ne reste plus qu’à tirer la sonnette d’alarme.

Rien n’est irréversible : rester attentif, agir ensemble, savoir dire stop, autant de clés pour remettre la fatigue à sa place. Le burn-out n’est pas une fatalité gravée dans le marbre.